Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
ContactPlan du siteLiens WebPhotographiesActualité

OrganisationCompositionFonds national de la littératurePrix littéraires
PublicationsLe BulletinE-Bibliothèque

 


CATÉGORIES
Anthologies
Bibliographies
Cahiers Simenon
Carnets intimes
Cinéma
Correspondances
Essais littéraires
Nouvelles
Philologie et linguistique
Poésie
Romans
Théâtre

CATALOGUE
Recherche par auteur
Recherche par titre

NOUVEAUTÉS
Dernières parutions

COMMANDES
Libraires
Autres

Publications

Visages de Voltaire
Collectif

Collectif - Visages de Voltaire

Genre : Essai
Format : 14 x 19,5 cm
Nombre de pages : 63 p.
Date de publication : 1994
ISBN : 2-8032-0011-2
Prix : 7,40 €
Textes de René Pomeau, Haydn Mason, Roland Mortier, Raymond Trousson

À propos du livre (texte de l'Introduction)

L'année 1994 étant celle du tricentenaire de la naissance de Voltaire, l'Académie royale de langue et de littérature françaises a choisi de prendre les devants en consacrant, à Bruxelles, sa séance publique du 4 décembre 1993 à l'auteur de Candide. Outre son avance sur le calendrier, cette brillante célébration, qui s'est déroulée en présence d'un public choisi de quatre cents personnes, présentait une seconde originalité frappante, celle de réunir à la même tribune un Français, un Anglais et un Belge, tous trois représentants éminents de la Société internationale d'Études du XVIIIe siècle.

Premier des trois orateurs, M. René Pomeau, de l'Institut, à qui l'on doit entre autres travaux classiques une étude définitive sur La religion de Voltaire et une Biographie du patriarche de Ferney, pose la question de savoir ce qui fut advenu si le jeune Arouet, si fragile à sa naissance qu'on le donnait pour moribond, n'avait pas vécu? L'histoire des idées et des mentalités en aurait été bouleversée, le théâtre français eût peut-être évolué plus vite. En revanche, la France eût bénéficié moins tôt de ce qu'il avait appris du mouvement des idées en Angleterre. Ses Lettres anglaises, «bréviaire de la philosophie nouvelle», ont fait de Voltaire le premier écrivain français dont l'oeuvre manifeste une véritable force de frappe, le premier penseur à détenir un énormepouvoird'attraction sur l'opinion. Enfin, comment le «parti des philosophes» eût-il pu se passer de celui qui fut son plus vigoureux défenseur? Et ce parti, sans lui, aurait-il eu la même physionomie? Une part importante de cet exposé porte sur le rôle que joua Voltaire dans l'Affaire Calas, s'imposant comme le champion de la justice et de l'humanité. Son intervention peut effectivement être vue, avant l'Affaire Dreyfus, comme le point de départ de la conception moderne de l'intellectuel.

Le deuxième orateur est M. Haydn Mason, éditeur général des Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, qui comptent à ce jour quelque trois cents volumes. Il représente la célèbre Voltaire Foundation, qui a entrepris la publication des oeuvres réellement complètes de l'écrivain. Choisissant de parler des relations entre Voltaire et Shakespeare, il démontre brillamment à quel point elles revêtent une forme d'amour-haine.

Certes, en traduisant le grand Anglais, Voltaire contribue à l'extension de la renommée de celui-ci en France. Mais, il lui est insupportable qu'une traduction rivale bénéficie de la faveur royale. Ce dépit est à l'origine de sa violente diatribe contre Le Tourneur mais aussi de sa montée au créneau d'un patriotisme littéraire hautement proclamé. M. Haydn Mason débusque finement les arrières-pensées qui dictent ce comportement à l'exilé, qui ne désire rien tant que de rentrer à Paris. Son opposition farouche à Shakespeare n'en a pas moins des racines esthétiques profondes : il redoute que la vogue croissante du grand dramaturge accroisse la corruption du goût français qui, selon lui, est en décadence depuis la fin du règne de Louis XIV.

Dix-huitièmiste célèbre, lui aussi, M. Roland Mortier, membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, membre de l'Institut, ancien président de la Société d'Études du XVIII siècle, met en lumière avec beaucoup de chaleur l'inestimable contribution de Voltaire à la définition d'un nouveau statut pour l'intellectuel. Il fera tout pour émanciper les écrivains de la protection aliénante des Grands. Ce qui implique naturellement des devoirs. «À l'auteur à gages, dit Roland Mortier, à l'écrivain amuseur, devra se substituer l'écrivain penseur, le philosophe indépendant, qui sera en quelque sorte la conscience de son temps, le porte-parole de la pensée critique et de l'esprit public.» Voltaire rêve «d'une déontologie qui grandirait l'écrivain, qui garantirait sa dignité en lui donnant le crédit dont le prive sa subordination économique et sociale. C'est à partir de Voltaire que l'homme de lettres se définit désormais moins en termes d'art ou d'élégance qu'en termes d'efficacité idéologique. Il devient une figure majeure de la société. Son objectif est de changer la mentalité de ses contemporains…». Tel est, on le sait, le statut auquel Voltaire lui-même va accéder.

Aux trois discours du 4 décembre 1993, il a paru indispensable d'ajouter le texte d'une communication faite à ses Confrères, le 9 octobre de la même année, par M. Raymond Trousson, lui aussi spécialiste des Lumières.

Bouleversé par l'issue scandaleusement cruelle de quatre affaires criminelles, Voltaire se persuade de l'urgence d'un code pénal profondément réformé, uniforme, où la loi, et non l'arbitraire du juge, préciserait la nature et la gravité des délits en même temps que le degré de mesures répressives.

Pour comprendre l'importance décisive de son intervention, M. Raymond Trousson dresse un tableau des conditions de l'exercice de la justice au XVIIIL siècle. Cette description fait frémir. Aune justice brutale, d'une cruauté effrayante, correspond une procédure incroyablement tortueuse. Le droit pénal repose sur un double principe, celui de l'entière responsabilité de l'accusé qui agit en toute liberté de conscience, et celui de la délégation par Dieu du droit de punir les dérogations à la loi, non seulement civile mais religieuse.

Pendant les quinze dernières années de sa vie, Voltaire va tenir un rôle sans pareil dans la transformation progressive des esprits et des pouvoirs à l'égard des changements qui s'imposent. Il est frappant de constater souvent de quel esprit pratique s'inspirent ses propositions.

Table des matières

Introduction

Si François-Marie Arouet n'avait pas vécu
René Pomeau

Voltaire et Shakespeare
Haydn Mason

Voltaire et la dignité de l'écrivain
Roland Mortier

Voltaire et la réforme de la législation criminelle
Raymond Trousson


© ARLLFB, rue Ducale 1, 1000 Bruxelles, Belgique | Déclaration d'accessibilité