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L'amitié de Max Elskamp et d'Albert Mockel
de Henri Davignon

Henri Davignon - L'amitié de Max Elskamp et d'Albert Mockel

Genre : Correspondance
Format : 14,5 x 20 cm
Nombre de pages : 76 p.
Date de publication : 1955
Prix : 8,70 €

À propos du livre

On sait quel épistolier fut Albert Mockel. Sa prose, à cause de ces lettres missives, passe le mérite de ses vers. Il faut reconnaître aussi la valeur de ses correspondants. La fidélité de l'écrivain à ses amis l'emporte même sur son goût personnel d'écrire. En ce sens, on peut le dire, sa prose reflète l'intérêt passionné témoigné à tous ceux qui lui répondent ou le relancent. Sans eux il n'aurait pas eu l'occasion de déployer cette sincérité dans l'attachement, cette minutie dans la préciosité, cette conscience dans le détail.

A l'origine de la plupart des prédilections d'Albert Mockel il y a sans doute le souvenir de la Wallonie. Tous les collaborateurs furent ou devinrent ses amis. À ceux qu'il a appelés, à ceux qui se sont offerts, à ceux qui sont restés fidèles jusqu'au bout, il n'a cessé de porter un intérêt fervent. L'échange des livres a été l'occasion pour lui de traduire, avec preuves à l'appui, son émerveillement non exempt de réserve et le goût de l'introspection littéraire où il a perdu, sans doute, le temps de se dévouer à son oeuvre propre. Son parti pris de Wallon, convaincu d'une supériorité latine, ne l'a jamais retenu de chercher chez les Flamands une confrontation compréhensive. On sait ce qu'il a fait pour Verhaeren dont il reste un des meilleurs commentateurs. Sa correspondance avec Van Lerberghe, avec Severin, épuise toutes les ressources de leurs richesses divergentes. Il nous reste à voir comment il s'est affronté à Max Elskamp. Et, jusqu'à la mort de ce dernier, comment il est demeuré dans sa dépendance pour des motifs qu'il est seul à nous révéler.

La plupart des lettres échangées entre les deux poètes nous ont été conservées. Mockel en avait gardé trente-sept, reçues par lui du poète anversois. Elles font aujourd'hui partie de son legs à l'Académie. Après la mort d'Elskamp, ia famille de ce dernier avait renvoyé à Mockel vingt-deux lettres écrites par lui à son ami. En sorte que nous pouvons suivre à travers cet échange l'évolution de leur amitié bien après leur première rencontre de la Wallonie. Car elle s'est fortifiée dans leur âge mûr. Au moment où Elskamp est devenu vraiment malade et où Mockel a subi lui-même une épreuve douloureuse, ils se sont rejoints, par-dessus la littérature, dans une recherche toute spiritualiste. Inégale dans ses résultats elle les a fait avancer assez loin dans un monde irréel.

Lire un extrait

Les premières lettres du dossier ne laissent pas prévoir cette intimité tardive. Elles sont utiles néanmoins pour poser l'un en face de l'autre les poètes et leur poésie. Nous en citerons les passages essentiels.

De Paris, le 27 mai 1893, Albert Mockel s'adresse à Max Elskamp pour s'excuser. C'est un de ses moyens favoris. Il souffre à la pensée d'avoir agi avec désinvolture, d'avoir pu froisser, de s'être mal fait comprendre. Dans une lettre antérieure, et que nous n'avons pas, Elskamp a dû protester contre une expression dont se serait servi son correspondant, qu'il n'avait pas remercié de l'envoi de Chantefable un peu naïve; silence qualifié par Mockel de « usage anversois ».

Mockel écrit :

Mon cher Poète,
Je suis désolé de vous avoir peiné, comme j'ai dû le faire cruellement, par l'envoi de ce mot injuste. Cependant vous vous êtes mépris ou je me suis bien mal exprimé : les mots «usage anversois» n'impliquaient de ma part rien autre chose que la supposition d'habitudes locales diférentes des nôtres; c'est ainsi par exemple qu'il est d'usage, paraît-il, de ne point répondre à l'envoi d'un livre scientifique. Ma lettre n'attaquait point. Je me défendais simplement du reproche contenu dans la vôtre. Voilà qui est bien mis au clair, n'est-ce pas, et j'espère que vous ne me tiendrez pas rancune.


Le livre, perdu à la poste, n'était réellement pas parvenu à Elskamp. Mockel lui adresse un autre exemplaire «en témoignage», écrit-il, «d'une sincère sympathie jointe à une haute estime littéraire». Comme il vient, de son côté, de lire Salutations dont d'angéliques, il donne aussitôt son appréciation :

Elles continuent avec bonheur et harmonie l'oeuvre nouvelle que vous avez commencée par «Dominical». J'apprécie bien haut votre simplicité d'art et ce que vous avez trouvé de tranquille et pur vertige dans la chanson populaire. Vous avez votre manière à vous, que vous avez choisie avec discernement et qui est capable de nous donner des impressions neuves et franches lorsqu'elle sert à révéler un poète tel que vous. J'admire ce qu'il y a en vous de pénétration des âmes enfantines qui sont, je crois, le fond de tous les hommes, et votre grâce à les traduire en doux balbutiements qui tiennent de la chanson que l'on f redonne et de la prière qui se chuchote.
C'est vous dire, mon cher Poète, que si je ne puis pénétrer entièrement dans votre art et en goûter toutes les saveurs — la différence de race est si grande entre nous — j'en admire sans réserve la tendance et, à maintes pages, la réalisation. Je vous aime là où votre simplicité est la plus simple et votre intention la plus claire, là où la divine émotion du vers peut nie mettre en communication directe avec vous. Mais je vous admire surtout parce qu'il y a en vos livres un effort très particulier et que vous êtes un poète personnel.

À quoi Max Elskamp répond dès le lendemain :

J'ai reçu cette fois votre beau livre et l'ai placé en ma bibliothèque auprès de ceux que j'aime le plus infiniment. C'est un criterium, n'est-ce pas? Je vous remercie donc, mille fois encore mon cher Poète, de l'honneur que vous avez bien voulu faire au très humble ouvrier que je suis.


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