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Prix Léopold Rosy 2009

Florence Richter

Florence Richter : Ces fabuleux voyous. Crimes et procès de Villon, Sade, Verlaine, Genet

Lauréate :

Florence Richter pour son essai Ces fabuleux voyous. Crimes et procès de Villon, Sade, Verlaine, Genet (Hermann, 2009).

Jury :

Daniel Droixhe, Jacques Charles Lemaire, Raymond Trousson.

Extrait de l'argumentaire du jury :

Assez curieusement, la postérité a réservé quelques qualificatifs gracieux à des écrivains qui se sont fait connaître pour leurs crimes ou pour leurs délits : l'assassin présumé François Villon est tenu pour le plus grand auteur du Moyen Âge; le pornographe Donatien de Sade est dénommé le «divin marquis»; poursuivi pour coups et blessures contre son ami-amant Arthur Rimbaud, Paul Verlaine reçoit de son vivant le titre de «prince des poètes» et Jean Genet est présenté par Jean-Paul Sartre comme un «saint» et un «martyr». L'opinion publique littéraire ne se montre donc pas trop sévère pour ces littérateurs qui, nolens volens et à des degrés divers, se sont rangés au ban de la vie intellectuelle et sociale.
   Les années d'enfermement, les douleurs de l'incarcération que leurs déviances ont valu à ces auteurs ont-elles exercé une influence marquante sur leurs écrits? Ont-elles affecté leur créativité ? Ont-elles orienté leurs formes de pensée ou leurs modes d'expression? Telle est la question centrale que pose Florence Richter dans son beau livre. À n'en pas douter, la réponse est positive. Villon n'apparaîtrait pas comme le fondateur du lyrisme personnel dans la littérature française s'il n'avait pas exprimé des regrets pour ses fautes dans le Testament. Sade aurait vécu ses délires sexuels et ne les aurait sans doute pas transposés en matière littéraire s'il n'avait passé près de trente années de sa vie dans les geôles royales. Le beau recueil Sagesse de Verlaine est directement inspiré à son auteur par les douleurs vécues entre les murs gris des prisons de Bruxelles et de Mons. L'œuvre romanesque et poétique de Genet puise directement ses thèmes dans les souvenirs que l'adolescent a gardés des maisons de correction ou des maisons d'arrêt où s'est tristement déroulée sa jeunesse vagabonde.
   Aussi, ces écrivains, qui ont pu être tenus pour «coupables» aux yeux de leurs contemporains ou des magistrats appelés à les juger, se révèlent-ils comme de merveilleux témoins de l'humanité authentique, avec ses forces, mais aussi avec ses faiblesses, avec ses tentations, ses résistances et ses fautes. Ces «coupables» nous en apprennent sans doute plus sur nous-mêmes que toutes les homélies édifiantes ou tous les livres de morale réunis. Ils témoignent de notre «part cachée»… À ce titre, ils méritent mieux, comme en témoigne Florence Richter, que la compassion ou l'apitoiement où certains commentateurs les ont quelquefois confinés.



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