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Prix Henri Davignon 2015

Paul-Augustin Deproost



Lauréat :

Paul-Augustin Deproost (dir.) pour Chemins d’Utopie. Thomas More à Louvain, 1516-2016 (Presses universitaires de Louvain).

Jury :

Jean-Baptiste Baronian, Jean Klein et Gabriel Ringlet.

Extrait de l'argumentaire du jury :

« Avant toute chose l’Europe est un projet, un appel, une construction, une perspective, une utopie. Et il convient que, même instituée, elle le reste, sans quoi elle ne pourra éviter les décrépitudes qui menacent toutes les constructions achevées » déclare P. A. Deproost, dans la ligne de pensée défendue par Oscar Wilde  qui déclarait : qu’une « carte du monde qui n’inclurait pas l’Utopie n’est pas digne d’un regard, car elle écarte le seul pays auquel l’Humanité sans cesse aborde ». Cette question en appelle aujourd’hui une autre : au moment où les techno-sciences ont atteint le degré de sophistication qui est le leur aujourd’hui, les utopies elles-mêmes, selon Nicolas Berdiaeff, « apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons (…) devant une question (…) angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ? »,  question illustrée par des romanciers majeurs comme Huxley, Orwell ou Philipp K. Dick. De l’Antiquité à Thomas Moore, l’Utopie est un imaginaire du non-lieu, comme l’atteste l’étymologie grecque du terme : ou-topos. Lieu insulaire souvent, circonscrit et clôturé, généralement, l’Utopie prend chez Thomas Moore un caractère exceptionnel dans la mesure où ce dernier l’inscrit, « non pas dans les temps perdus d’origine, mais dans le temps contemporain des hommes », dit Deproost. Si dans l’Antiquité, l’Utopie appelait le temps cyclique du retour à l’origine, la révélation biblique, dont le temps est continu et linéaire, a pour conséquence de faire succéder au temps du paradis perdu, au mythe de l’âge d’or, un temps eschatologique qui culminant dans la Cité sainte de l’Apocalypse, achèvera l’histoire du temps hors du temps. L’expérience de l’Utopie est aussi un savoir, et « moins un savoir de contenu », dit Deproost, qu’un « savoir de témoignage (…). D’une certaine façon, le modèle utopique est un modèle vide, un modèle en creux, qui doit fonctionner comme un symbole opératoire permettant aux réalités pleines de se vider de leurs scléroses pour retrouver la santé (…). L’utopie est (…) un courant, une espérance qui permet tout simplement à l’humanité de ne pas se contenter de ce qu’elle a, mais de continuer à vivre et à progresser », ajoute encore l’auteur. Un mythe poétique structurant de notre imaginaire occidental est sans conteste celui d’Ulysse, dans l’Odyssée. D’Homère à notre confrère Georges Thinès, en passant par James Joyce, ce mythe témoigne de l’évolution de l’homme à travers l’Histoire. Toutefois, la colonne vertébrale demeure celle-ci : « L’homme n’est homme que dans le mouvement qui le porte vers lui-même », selon les termes de l’auteur. L’évolution de l’Europe et de ses institutions est indubitablement marquée par cet imaginaire, tel que l’avait révélé le Colloque organisélors de la Présidence belge de l’Union européenne en 2001, dont les contributions, sous le titre « Une Europe de la Création » avaient montré que pour éviter les déterminismes de l’Histoire, la création littéraire – ou artistique -  et la fiction permettaient un continuel enrichissement du projet, à travers même les moments de crise dont le processus de développement est émaillé. Depuis l'Indo-Européen, en effet, la racine "krei", signifie juger, distinguer, passer au tamis, passer au crible, comme le mot grec "krinau", séparer, trier, ou le latin cribrum, qui en est dérivé, désigne un "crible" ou un "tamis". Interroger les imaginaires européens, rendre à la création et à la fiction littéraires un rôle séminal, c’est contribuer à ouvrir à nouveau le potentiel de la grille de lecture de l’évolution de l’Humanité qu’est la notion d’Utopie. Dans les actes du Colloque « Une Europe de la Création », notre regrettée consoeur, Claire Lejeune, plaidait pour « une pédagogie de l’imaginaire, qui est une pédagogie de la transgression créatrice ». Paul-Augustin Deproost et les équipes de l’UCL nous donnent des outils pour en favoriser la compréhension.



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