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 |  | Lauréat :
  Francesco Pittau pour Épissures  (L’Arbre à paroles, 2021).
 
 Jury :
 
  Éric Brogniet, Corinne Hoex, Philippe Lekeuche, Yves Namur, Gabriel  Ringlet.
 Autres finalistes : 
  Jan Baetens, Après, depuis, Les Impressions nouvelles
 Karel Logist, Soixante-neuf selfies flous dans un miroir fêlé, L’Arbre à paroles
 Serge Meurant, Empreintes, Le Cormier
 Jacques Richard, Sur rien mes lèvres, Le Cormier
 
 Extrait de l'argumentaire du jury :
 
  Francesco Pittau est un auteur reconnu dans ce qu’on appelle, à tort ou à  raison, «la littérature jeunesse». Ainsi a-t-il publié plus d’une  centaine de livres chez Gallimard, au Seuil, chez Albin Michel ou à l’École des  loisirs.
 Il n’en était cependant pas à son premier recueil de poésie : Un  crabe sur l’épaule était paru au Seuil et les Carnets du dessert de Lune avaient  publié Une maison vide dans l’estomac et La Quincaille des jours.  Aujourd’hui, notre Académie salue la publication d’Épissures à l’Arbre à  paroles.
 Rappelons simplement que le nom épissure est féminin, provient du  verbe épisser et que le Robert en donne deux définitions : une  réunion de deux bouts de corde, de câble ou de fil électrique par  l’entrelacement des torons et d’autre part, un motif ou garniture fait de  lanières de cuir entrecroisées.
 Ce recueil de plus de 250 pages entend nous balader dans le quotidien d’un  homme, dans ce qu’il y a de plus banal, au cœur même de la réalité. Si ce n’est  que cette réalité est ici sublimée. Le poète, et son sens aigu de  l’observation, nous donnant à voir ce  qu’il faudrait peut-être regarder au-delà des simples réalités : qu’il  s’agisse d’un supermarché et «le froid de la solitude», de figues  qu’on mange «dans l’éblouissement du petit matin», d’une tondeuse  et une pelouse, représentation d’un monde sans pitié pour le pauvre escargot écrasé,  etc.
 Un livre, donc, où foisonne la banalité repensée. Qui ose parler de sa machine  à laver? Pittau! Qui parle d’une assiette creuse, métaphore de  l’absence dont il est souvent ici question, et nous propose d’y «mettre  autant de vie qu’elle peut en contenir»? Pittau! Qui fleurte  avec la métamorphose comme Gregor Samsa et se verrait bien en fourmi?  Pittau, je vous l’assure!
 
 Épissures est un livre d’émotion,  peut-être aussi un bréviaire de la mélancolie, où pointent l’étonnement mais  aussi un certain fatalisme. Un livre qui, transposé dans la peinture, serait  probablement un tableau d’Edouard Hopper… Reste à demander à l’auteur :  «Lequel?»
 – Yves Namur   |