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Grand prix des arts du spectacle

Noémie Carcaud

Noémie Carcaud : Take Care (Les Oiseaux de nuit, 2021)


Lauréat :

Noémie Carcaud pour Take care (Les Oiseaux de nuit, 2021).

Jury :

Anne Carlier, François Emmanuel, Paul Emond, Xavier Hanotte, Caroline Lamarche.

Autres finalistes :

Geneviève Damas, Quand tu es revenu, Lansman
Zenel Laci et Denis Laujol, Fritland, Les Oiseaux de nuit
Florian Pâque, Étienne A., Lansman, et Avec le paradis au bout, Les Cygnes
Anne-Cécile Vandalem, Kingdom précédé de Tristesses et Arctique, Actes Sud-Papiers

Extrait de l'argumentaire du jury :

Comédienne de formation, Noémie Carcaud est aussi metteuse en scène. Avec sa compagnie franco-belge Le Corps Crie, elle construit ses spectacles en développant un travail d’écriture à partir du plateau, où les émotions sont portées par le corps autant que par la voix. Comme formatrice, elle a dirigé de nombreux stages et ateliers, et depuis 2019 elle enseigne au cours Florent à Bruxelles.
Dans Take care (éd. Les Oiseaux de Nuit), il s’agit de la fin d’un monde. Dans une famille composée de jeunes adultes de la même génération, l’heure est au partage, chacun disposant de ressources inégales et de motivations divergentes. Les sept protagonistes se retrouvent pour un week-end dans la maison familiale, isolée et vétuste, avec un trou, à reboucher ou non. Ensemble, ils doivent décider de la destination de cette maison, préoccupation aggravée par la présence parmi eux d’une jeune fille fragile, Mona, dont l’avenir les préoccupe et polarise leur désarroi. Autour de leurs tentatives maladroites de prendre soin d’elle, surgissent des discussions, des dissensions, des angoisses communes ou non. Des souvenirs refont surface, tout se rejoue comme en un kaléidoscope dont les dessins successifs se révèlent par brisures. Mona semble échapper aux assignations et vivre dans sa bulle bien qu’elle dépende en partie, physiquement, de ses proches. En attendant, la question se pose : qui, dans notre monde déstructuré, va veiller sur les fragiles? Qu’est-ce que cela veut dire «prendre soin» (take care)? Quels intérêts sont en jeux? Quelles attentes? Quelles compensations idéologiques, altruistes, égoïstes, quel masque posé sur l’angoisse? Et comment est-il possible d’être à ce point «à côté de quelqu’un et ne rien voir de ce qui se passe à l’intérieur»?
En découvrant Take care, on est frappé par la simplicité et la force des dialogues. C’est leur montage qui donne le rythme, provoque chez le spectateur, compassion, rire ou inquiétude. Leur attribution aux sept personnages révèle les différents caractères avec leurs désaccords, leurs vacillements, leur ambivalence à l’heure de la fin, sinon du monde, du moins d’un certain monde. Il y a quelque chose de tchékhovien dans cette vitalité mélancolique et drôle.

Depuis, Noémie Carcaud a proposé, au Théâtre de la Vie, Restes, où la présence des corps se fait encore plus organique, plus chorégraphiée, si l’on peut qualifier de chorégraphie cette quête épuisée et farouche au pied d’un mur infranchissable. Là aussi se déploie un collectif avec ses querelles, ses solidarités, ses luttes de pouvoir ou sa quête d’une tendresse furtive. La pièce s’ouvre sur une citation de Beckett : Nuit qui fais tant / implorer l’aube / nuit de grâce / tombe… On est bien dans l’aujourd’hui et maintenant de la nuit du monde, et dans une imploration de l’aube, du retour de la lumière, improbable pour l’heure... Demeure la grâce, précisément, de cette écriture.

– Caroline Lamarche



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