Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Firmin van den Bosch

Firmin Van Den Bosch / Photo ©  Van Assche Membre belge littéraire du 11 juin 1936 au 20 janvier 1949.
Prédécesseur : Jules Destrée
Successeur : Luc Hommel
Fauteuil 25

Biographie

De lointaine origine française, Firmin van den Bosch naît dans le Limbourg, à Peer, le 19 décembre 1864. Ses parents l'envoient faire ses études au Petit Séminaire de Saint-Trond, puis au Collège de la Paix à Namur. À vingt ans, il se lie d'amitié avec Max Waller, qui lui fait lire La Jeune Belgique et l'invite aux réunions du café Sésino à Bruxelles, où il rencontre Demolder, Gilkin, Eekhoud, Giraud et les frères Destrée. Il suit les cours de droit à l'Université de Gand. C'est au barreau de la Cité des comtes qu'il entame sa carrière de juriste.

Firmin van den Bosch est un catholique convaincu et, très vite, la défense de l'Art pour l'Art que prône La Jeune Belgique l'insatisfait. Il lui préfère la théorie de l'Art pour Dieu. Sa personnalité est celle d'un animateur et même, à l'occasion, d'un pourfendeur. Après avoir collaboré à L'Impartial puis au Magasin littéraire, il est aux côtés d'Henry Carton de Wiart, au congrès de Malines de 1891, quand se manifeste un mouvement de jeunes catholiques lettrés. Une scission provoque la fondation du Drapeau, dont il devient le rédacteur en chef. Mais après douze numéros, le mensuel cesse de paraître. Avec ses amis Carton de Wiart et l'abbé Henry Mœller, il fait partie d'un groupe qui veut un nouvel organe de combat. Ce sera Durendal, qui portera pendant vingt ans une grande partie des espoirs catholiques en matière d'art et de culture.

Sur le plan professionnel, van den Bosch devient procureur du roi à Termonde en 1901 et avocat général près la cour d'appel de Gand en 1906; quatre ans plus tard, il est chargé de représenter la Belgique comme juge aux tribunaux mixtes d'Égypte. Sa carrière prend une dimension internationale. À cette époque, en 1910, au-delà de collaborations à La Revue belge, à La Belgique artistique et littéraire, à La Lutte ou à La Vie intellectuelle, il a déjà écrit plusieurs livres.

Dès 1892, un petit pamphlet, Coups de plume, a mis en évidence ses qualités de polémiste : il s'y insurge contre certains programmes scolaires qui s'attardent trop sur Fénelon ou sur Racine et négligent La Fontaine tout en oubliant Victor Hugo et les romantiques. Dans un chapitre courageux, il défend le droit à la culture pour les jeunes filles; Van den Bosch y fait figure de précurseur. En 1883, il entame une série d'ouvrages consacrés à des souvenirs. Sous le bleu. Impressions d'Italie décrit dans une belle prose poétique ses sensations de voyageur, de Gênes à Salerne, avec des arrêts à Pise, à Rome et à Naples, à Florence et à Venise. Sa production sera jalonnée de récits entraînant le lecteur dans les pays qu'il admire et qu'il connaît bien. Le long de ma route. Égypte-Palestine-Grèce en 1924, Vingt années d'Égypte en 1932, La Tentation de l'Orient en 1944. L'auteur ajoute à ses livres des réflexions sur la politique, le contexte social, l'art et l'histoire qui leur donnent valeur de témoignage.

Pour le magistrat, les missions se succèdent : après avoir été l'inspirateur de la nouvelle constitution égyptienne, calquée sur celle de notre pays, il règle un différend entre le roi Fouad et son premier ministre. Pendant la première guerre mondiale, l'État belge l'envoie en Grèce pour y soutenir le moral des habitants. Après le conflit, il retourne en Égypte, pour y créer une université populaire. Il dirige une commission qui est chargée de la transformation du port d'Alexandrie. Ces réussites diplomatiques lui valent le titre de baron.

Firmin van den Bosch a laissé une abondante œuvre d'historien des lettres et de critique, en dehors d'une brève incursion dans le domaine du roman judiciaire : Le Crime de Luxhoven, sombre et tragique histoire de viol et de meurtre, qui étaye une étude psychologique qu'il consacre en 1908 au Crime passionnel. Dans ses Essais de critique catholique, en 1898, van den Bosch brosse un vaste panorama qui va de Brunetière à J.-K. Huysmans, de Tolstoï à Bloy, mais aussi aux interprètes de l'âme belge. Verhaeren, Demolder, Picard, Gezelle, Rodenbach, Waller et La Jeune Belgique y tiennent une place importante. En 1909, dans Littérature d'aujourd'hui, il livre ses opinions sur les critiques (Bordeaux, Rency Dumont-Wilden…) et les romanciers (Barrès, Virrès, Courouble…). Jusqu'en 1940, van den Bosch publiera plusieurs ouvrages de souvenirs littéraires, qui seront parfois accompagnés de réminiscences liées aux événements de sa vie : Les Lettres et la vie, en 1912, Sur l'écran du passé, en 1931, qui contient un pétillant chapitre sur La Jeune Belgique, mais aussi le rappel de rencontres avec Barbey d'Aurevilly, Villiers de l'Isle-Adam, Verlaine, Edmond de Goncourt, Rodenbach ou Verhaeren.

Sur le forum et Dans le bois sacré, en 1934, seront d'abord des évocations d'hommes d'action où défilent notamment Wœste, Janson et Hymans, mais où les écrivains, de Davignon à Marlow, de Charles d'Ydewalle à Moréas, ne sont pas oubliés. Ceux que j'ai connus, en 1940, s'inscrit dans la même ligne : les ombres de la politique côtoient Destrée et Rodenbach pour rejoindre les figures et images d'Orient. En 1944, deux ans après la parution d'un opuscule d'Aphorismes du temps présent, à la philosophie ironique, paraît son dernier livre de critique, Vagabondages littéraires, dans lequel la Belgique, la France et l'Orient offrent une toile de fond à d'ultimes réflexions sur Teniers, Renan, Lamartine ou Pierre Benoît.

Après avoir perdu un fils à la guerre, van den Bosch écrit des textes d'encouragement pour les soldats. Sensible aux souffrances humaines, il raconte les ravages des inondations de l'Escaut. Pour sa retraite, il choisit de s'installer à Bruxelles et collabore à des revues et à des périodiques (il a fourni des textes à la Revue générale pendant trente ans). Il participe aussi à divers comités et fonde l'association des Scriptores Catholici.

Firmin van den Bosch meurt le 20 janvier 1949. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 11 juin 1936.

– Jean Lacroix



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