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Odilon-Jean Périer
de Madeleine Defrenne

Madeleine Defrenne : Odilon-Jean Périer

Genre : Essai
Format : 16,5 x 24,5 cm
Nombre de pages : 468 p.
Date de publication : 1957
Prix : 19,80 €

À propos du livre

C'est une périlleuse entreprise que de présenter un écrivain dont les contemporains vivent encore. Les précieux renseignements que l'on glane ont pour contrepartie la diversité des portraits de l'homme et la multiplicité des interprétations catégoriques de l'œuvre. Rapproche-t-on les souvenirs de tous ceux qui participèrent, aux côtés de Jean Périer, à son expérience intellectuelle, on voit s'opposer, sous son nom, bien des personnages.

Or, tous attendent d'une étude consacrée au poète la plus grande fidélité alors que, cette fidélité, chacun la veut différente.

Heureusement, l'œuvre est là, intangible en dépit des variations qu'elle suggère et c'est elle, en fin de compte, qui fait l'écrivain. Encore, faut-il la lire sans idée préconçue, et tout entière, et dans sa succession. Encore, après l'avoir étudiée par rapport au milieu et aux contingences qui l'ont marquées; après en avoir compris les intentions, faut-il la relire, isolée de son temps et de son décor périssable, pour le seul et actuel plaisir de la goûter. Qu'on la juge alors selon ce plaisir.

Le portrait de l'écrivain qui en résulte est un portrait tout intérieur : le seul qu'on se propose de tracer ici.

Subordonnant la biographie aux écrits, l'on n'a rapporté que très peu des anecdotes recueillies au cours de l'enquête préliminaire. Si l'on a ainsi retardé provisoirement le plaisir d'imaginer parmi les siens, dans sa ville, l'homme, vulnérable et vivant, c'est par soumission au modèle. En effet, ceux qui furent très liés avec Périer soutiendront-ils que sa personnalité se puisse définir à coup d'historiettes? Ceux qui l'ont lu avec soin con-testeront-ils que, pour être vraiment valable, une première étude d'ensemble dût laisser aux textes le rôle prépondérant?

Du point de vue choisi résultent, tout naturellement, un ordre et une méthode : ordre chronologique qui, d'un volume à l'autre, suive le développement de la pensée et découvre l'ajustement progressif de son expression; méthode analytique, moins brillante que la synthèse mais plus sûre dès qu'il s'agit d'élucider des idées, d'examiner des techniques, de déceler des influences ou des analogies. Bref, la démarche très modeste d'un lecteur en éveil, toujours exigeant, jamais hâtif.

Mais à ce lecteur téméraire, s'il se fait commentateur, que de précautions imposées par une oeuvre nuancée, subtile, pudique : ne pas accabler la fantaisie sous l'érudition, ne pas gonfler de paraphrases littéraires une précieuse légèreté, ne pas déflorer la gravité, savoir sourire sans perdre le sérieux.

À propos d'une carrière aussi brève que celle d'Odilon-Jean Périer et dont les manifestations ne visent qu'à l'équilibre, une telle entreprise, sous ses dehors raisonnables, n'est-elle pas simplement pédante ou naïve? Périer est-il un auteur hermétique? Non, sans doute! Mais c'est un auteur discret, refusant d'expliquer, incapable d'étaler ou d'insister. Mais c'est un auteur rusé : glissantes images, énigmes rétives à force d'être ténues, évidences fallacieuses, autant de pièges qu'il propose, espérant qu'on n'y tombera pas. Ainsi s'impose, sous peine de bévues, l'examen soigné des essais, projets, articles ou jeux : textes mineurs qui, cependant, interrogés en leur lieu, nouent les relations, complètent les allusions, comblent les réticences, éclairent et précisent l'interprétation.

Ces exhumations indispensables ont peu modifié la hiérarchie qu'une gloire rapide avait établie entre les écrits d'O.-J. P.; par contre, à la faveur de la continuité qu'elles assurent, le sens même de l'œuvre, sa nécessité fondamentale, le thème autour duquel tout s'ordonne apparaissent indiscutablement transformés.

Quant aux proportions de ce travail, on n'a pas cru nécessaire de les justifier par l'importance du sujet : le temps seul prouvera que, parmi les écrivains de sa génération, O.-J. Périer est l'un des plus authentiques et des moins discutables. C'est pourquoi l'on espère inspirer aux lecteurs du poète le sentiment qui d'un bout à l'autre a guidé cette étude : une sévère admiration.

Lire un extrait

On n'a jamais réédité Le Combat de la Neige et du Poète qu'Odilon-Jean Périer avait pourtant fait imprimer lui-même et distribué à ses amis. Au terme de sa vie, dans la Lettre Ouverte à propos d'un Homme et d'une Ville, il rappelle non sans complaisance ce premier poème, affirmation de sa première découverte. Il en reproduit l'épigraphe, en précise la portée, mais il ajoute : «on le comprit mal heureusement». C'est que la découverte était d'importance. Beaucoup ont lu le texte, qui sont demeurés perplexes devant son cubisme agressif. Quand elle consent à le signaler, la critique lui fait invariablement un sort rapide : avec raison si elle entend guider le lecteur sur la voie de l'admiration, à tort si elle veut apprendre à connaître celui qu'elle prétend expliquer.

C'est dans ce poème rébarbatif, maladroit, insolite, que se libère le classicisme d'O.-J. Périer.

Quelques mois auparavant, en mai et juin, Jean Périer avait publié trois longs textes : Ariane-des-Eaux, Orphée-des-Vignes, Hermès-des-Oliviers dans La Patrie Belge, journal dirigé par Joseph De Geynst, où collaboraient deux amis du poète : Max-H. Pierret et Robert De Geynst. C'est J.-M. Culot qui, les ayant retrouvés, a signalé ces poèmes à André Gascht, pour la notice bibliographique qui ouvre le numéro spécial du Thyrse (février 1948) consacré par ses soins, au souvenir d'O.-J. Périer.

Une quatrième pièce : Le Rire de Persée, de la même veine, et de la même époque, attardée dans les bureaux de la revue, qui avait accusé réception le 15-VII-19, ne paraîtra qu'en janvier 1921 au Mercure de France.
 Ces dialogues poétiques entre couples fabuleux, présentés, le plus souvent, dans le décor d'une plage, déguisent chaque fois, sous le travestissement mythologique (Hermès, Orphée, Dionysos), un poète orgueilleux et sûr de sa divinité, mais trop timide pour paraître sans masque.

Narratifs et descriptifs, les poèmes rapportent un épisode de la légende, parmi ses accessoires traditionnels complaisamment détaillés.

L'auteur, conduit par sa mère, faisait ses classes poétiques.

Aux esthétiques successives, il demandait des «recettes» prosodiques. Racine, Mallarmé, José-Maria de Hérédia lui prêtaient, pour animer son Olympe, des mètres et des rythmes, du vocabulaire et des tournures syntaxiques. En trois mois, tout y passe et la diversité des sources trahit l'insatisfaction de l'auteur. Les «bons noyés», les «poissons délicieux qui rôdent», le «cœur de soie», la «gigantesque fleur de la vie bleue et blonde», «l'espace aromal», «l'ombre musicienne», autant de reflets où miroitent toutes les tendances littéraires.

De temps à autre, telle expression :

Tu t'y amuseras de dangereuses fièvres

tel demi-vers :

Et je suis seul debout…

telle affirmation :

Ma chanson construira la beauté violente,…

troue le réseau des réminiscences et esquisse une discrète signature.

Une langue poétique cherche sa formule sans avoir de contenu précis. L'impatiente interrogation que Jean Périer adresse au passé ne lui procure que des solutions formelles : de Rimbaud, il n'a perçu que les audaces verbales, de Mallarmé, qu'une syntaxe expressive.

Cependant, un poète hautain est présent; sa tendresse pour les objets familiers s'ébauche, répondant peut-être à l'appel de sirène que lancent Les Nourritures Terrestres, mais, s'il éprouve la certitude d'une mission, il n'en distingue très bien ni les buts ni les limites. Sans la moindre peine, il s'insère dans une tradition, habile à chanter sur tous les registres. Il ignore encore quel est le sien.

Table des matières

Esquisse biographique

Première partie. Les Brouillons choisis
1. Le Combat de la Neige et du Poète
2. La Vertu par le Chant
3. Notre Mère la Ville

Deuxième partie. Des Brouillons à l'œuvre

Troisième partie. L'Œuvre
1. Le Citadin
2. Les Indifférents
3. Le Promeneur
4. Le Passage des Anges
5. À Tous Hasards
À Tous Hasards
Une Soirée au Théâtre de l'Étrille
Comme Vous et Moi
6. Examen de Conscience, janvier-mars 1926
Sans doute il fait trop beau
Le Corps fermé
Examen de Conscience
Vous êtes condamné à mort
La Visite
7. Les Bûcherons

Quatrième partie. Projets et promesses
1. Lettre ouverte à propos d'un Homme et d'une Ville
2. La Maison de Verre
3. Odilon-Jean Périer, journaliste, Les Livrets
4. Notes sur le dessin

Pour conclure

Cinquième partie. Textes retrouvés. — Inédits. — Bibliographies
1. Publications d'Odilon-Jean Périer
2. Études consacrées à Odilon-Jean Périer
A. Articles généraux
B. Articles concernant un ouvrage déterminé


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