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Juliette de Robersart, une voyageuse belge oubliée
par Roland Mortier

Roland Mortier : Juliette de Robersart, une voyageuse belge oubliée

Genre : Essai
Éditeur : En coédition avec Le Cri
Collection : Histoire littéraire / Poche
Format : 11,5 x 18 cm
Nombre de pages : 160 p.
Date de publication : 2003
ISBN : 2-8032-0052-X
Prix : 9,50 €

À propos du livre (extrait de la préface)

Ne cherchez pas son nom dans le Dictionnaire des Belges, ni même dans la savante Biographie de Belgique. Il ne figure dans aucune des histoires générales de notre littérature, ni parmi les figures de proue honorées par la littérature féminine. (…) Étrange et injuste destin que celui de cette femme remarquable à tant d'égards : par son désir passionné d'indépendance, par son goût des voyages insolites et surtout par ses incontestables dons littéraires.

Si son œuvre était restée inédite, oubliée parmi tant d'autres manuscrites, on comprendrait mieux qu'elle soit aujourd'hui pratiquement inconnue. Mais non ! Ses récits de voyage ont paru à l'époque même, et ses Lettres d'Espagne ont été publiées avec la caution d'un grand écrivain français. La partie la plus intime et la plue révélatrice de sa correspondance a été publiée en 1936 (avec quelques aménagements, il est vrai, et de manière incomplète), par le romancier, essayiste historien littéraire Henri Davignon, mais sous un titre qui a égaré l'attention des bibliographes : Le roman de Louis Veuillot. Il n'en paraît que plus indispensable de lui rendre une justice tardive en lui restituant la place de choix qu'elle devrait légitimement occuper dans le tableau de notre littérature du dix-neuvième siècle. Un trop long oubli, conjugué avec la discrétion de l'intéressée, nous laisse d'ailleurs sur notre faim quand il s'agit de restituer sa vie, fût-ce partiellement, et d'évoquer sa personnalité.

Lire un extrait

À la Pentecôte de 1863, Juliette embarque à Cadix sur le Sidney pour se rendre à Tanger, où elle est accueillie par le consul de Belgique, M. Dalhuin. Elle remarque, au débarquement, que ce sont des Juifs qui la transportent à terre. En effet, lui explique-t-on, «les Maures ne s'abaissent pas à ce métier». Elle loge à l'Hôtel Français, un joli hôtel tenu par des Italiens. Le séjour à Tanger ne la décevra pas. Elle y trouvera le dépaysement qu'elle espérait bien ressentir au Maroc.

«Il y a très peu de femmes dans les rues. Les juives, les esclaves (pense que je vois et que je touche du doigt des esclaves!) et les négresses seules vont le visage découvert. Un fantôme blanc et informe, qui passe, est une femme mauresque.

M. Dalhuin m'a conduite ce matin chez le Pacha, grand personnage qui a huit femmes. Il rend la justice dans son palais de la Casbah, sous une porte mauresque à arcades; ses gardes sont couchés tout autour, lui-même est accroupi sur une natte. Il est nègre, grand, bien fait, et généralement estimé.

Les femmes seules, comme tu sais, peuvent pénétrer dans le harem. Je suis entrée par des couloirs historiés et tournants, dans un très beau patio entouré de colonnes de marbre. Ces sultanes, pour passer leurs poétiques loisirs, avaient tendu une corde sur laquelle elles faisaient sécher du poisson. Elles étaient accroupies sur la marche d'une très belle salle, et m'ont paru toutes des plus laides, toutes des plus mal vêtues, toutes ayant des petits négrillons; elles m'ont regardée d'un air vague; une seule avait un peu d'intelligence dans les yeux. Le chapeau de mademoiselle Octavie les surprit, elles le lui firent ôter. Elles m'examinèrent de près, tâtèrent mes cheveux; une me demanda ma broche; enfin, des enfants légèrement hébétés.»

Juliette n'est pas plus tendre pour le régime politique en vigueur : «Il n'y a guère de commerce à Tanger et on y cultive à peine. Tout est arrêté, glacé; une volonté unique, absolue, sans règle, a fait une étrange création, elle a créé un peuple de vieux enfants.»

Juliette ne se lasse pas de marcher en ville : «Au milieu des Arabes impassibles, viennent et vont des juifs, des nègres, des négresses, des esclaves, jambes nues et vêtus de différents costumes.

Je me suis arrêtée à la porte de la ville, pour voir les Maures rentrer des travaux des champs. Bien qu'on dise que ce soit ridicule, ils m'ont fait penser aux patriarches, et la scène est devenue complètement biblique, lorsque, faisant quelques pas, je me suis trouvée au milieu des chameaux et de leurs conducteurs qui arrivaient de Fez, la capitale sacrée et impénétrable. Ah! je te regrette comme si l'on m'avait arraché la moelle des os.»

Table des matières

Une voyageuse belge oubliée

Les voyages en Espagne

Les voyages en Orient
   A. Le voyage en Égypte
   B. Le voyage en Terre-Sainte

Remerciements


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