Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Louis Remacle

Louis Remacle / Photo ©  Hy. Franck Membre belge philologue du 14 février 1948 au 10 mai 1997.
Prédécesseur : Jean Haust
Successeur : Paul Delsemme
Fauteuil 7
BIOGRAPHIE

Né à La Gleize le 30 septembre 1910, à un moment et dans un milieu où l'apprentissage du français se faisait à l'école, Louis Remacle a voué l'essentiel d'une œuvre scientifique considérable à l'étude de son parler maternel : le wallon de son village natal. De brillantes études secondaires à l'Athénée de Stavelot ne lui font pas oublier ou mépriser son patois. Étudiant en philologie romane à l'Université de Liège, il choisit de suivre le cours facultatif de wallon professé par Jean Haust : cette rencontre est peut-être le signe du destin, et en tout cas, le départ d'une destinée. Dès lors, en effet, le wallon ne cessera plus d'être au centre de ses activités, et Haust, un maître et un modèle, dont il ignore encore qu'il prendra la relève : à l'Université, à l'Académie, dans le monde savant.

Docteur en philosophie et lettres, il est nommé en 1935 professeur de français à l'Athénée de Seraing. Dès 1946, il est professeur à l'Université de Liège, après avoir été chargé progressivement des cours de dialectologie wallonne (1939), phonétique et orthophonie française (1944), latin vulgaire (1945), auxquels s'ajouteront le cours de grammaire comparée des langues romanes (1948) et des exercices de philologie française (1953). Avec une régularité qui ne se démentira pas, se sont succédé, depuis la fin de ses études : Glossaire de La Gleize (1933; version enrichie en 1980); en 1937, une version remaniée de sa thèse de doctorat, couronnée du prix de l'Académie, Le parler de La Gleize, modèle de monographie passant en revue tous les aspects du parler d'une commune; Orthophonie française (en 1938, rééd. 1969), Les variations de l'h secondaire en Ardenne liégeoise (1944), étude approfondie et minutieuse d'un des phonèmes les plus caractéristiques du liégeois.

La phonétique l'attire très tôt, on l'a vu. La même veine est exploitée, mais sous un autre aspect, dans un ouvrage devenu tout de suite un manuel de référence : Le problème de l'ancien wallon (1948, seconde version d'une partie de ce livre, en 1992, sous le titre La différenciation dialectale en Belgique romane avant 1600). La première partie vise à dater les particularités, surtout phonétiques, des parlers belgo-romans; la seconde, à démontrer que la langue écrite en Wallonie au Moyen Âge (pour laquelle l'auteur crée le néologisme scripta, qui fera fortune) n'est pas le dialecte, mais du français plus ou moins semé de traits dialectaux. En 1953, il inaugure la publication de l'Atlas linguistique de la Wallonie, panorama fondé sur la vaste enquête de Haust, par un tome portant sur les différences phonétiques. La différenciation des géminées mm, nn en mb, nd (1984) tourne autour d'un problème phonétique envisagé de manière globale.

La grammaire retient également toute son attention. Après une première approche sommaire dans sa thèse de doctorat, il consacre à la Syntaxe du parler wallon de La Gleize trois forts volumes, véritable somme fondée sur des enquêtes orales et sur des dépouillements de textes contemporains et anciens, riche de comparaison avec d'autres parlers.

En 1969, le tome 2 de l'Atlas linguistique de la Wallonie passe en revue plus de cent vingt particularités morphologiques et syntaxiques. L’entreprise sera fièrement poursuivie par ses élèves. En 1976 et 1991, l’ALW 4 et 5 a fait l’objet de deux volumes sur La Maison et le Ménage par J. Lechanteur. En 1987, l’ALW 9 (†É. Legros, M.-Th. Counet) est consacré à La Ferme, la Culture et l’Élevage. Trois volumes ont pour objet La Terre, les Plantes et les Animaux : ALW 6, 2006 (M.-G. Boutier, J. Lechanteur, M.-Th. Counet); ALW 8, 1994 (M.-G. Boutier). Ont également paru : ALW 15 (M.-G. Boutier, Le Corps humain et les Maladies, 1997); ALW 17 (E. Baiwir, Famille, vie et relations sociales, 2011). L’ALW, héritage de J. Haust, de L. Remacle et d’É. Legros, est dirigé par M.-G. Boutier.

La contribution de Louis Remacle à la toponymie n'est pas moins importante : non seulement, il a mis au point un mode raisonné de présentation de faits, mais surtout il a établi l'inventaire des lieux-dits de plusieurs communes très étendues de l'Ardenne liégeoise. Les problèmes d'étymologie, étroitement associés aux autres questions, lexicales, phonétiques, toponymiques, ont constamment occupé L. Remacle (Les Noms du porte-seaux en Belgique romane, 1968). Enfin, sa contribution à la connaissance de la langue ancienne s'est traduite par plusieurs glossaires, élaborés à partir du dépouillement d'actes notariés et d'archives de cours de justice.

Maître incontesté de la dialectologie wallonne, en raison d'une œuvre abondante et variée, riche de l'apport documentaire et méthodologique le plus original, L. Remacle a été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 14 février 1948 et a reçu en 1956 le prix Francqui.

Dans le domaine de l'analyse littéraire de textes français, il faut souligner encore l'influence que Louis Remacle, reprenant la méthode de Servais Étienne, a exercée sur bon nombre d'étudiants et de professeurs par ses cours et par les Cahiers d'analyse textuelle dont il assuma la direction pendant vingt ans (20 tomes de 1959 à 1979).

On ne peut omettre, enfin, l'œuvre du poète dialectal (À tchèstê d'poûssîre, 1946; Fagne, 1969; Mwète-fontinne, 1974), qui, avec une savante simplicité et une totale maîtrise des ressources de l'art et de la langue, exprime si bien, les élans du cœur.

Une édition posthume de ses Poèmes wallons a paru en 2010 à la Société de langue et de littérature wallonnes.

Louis Remacle est mort le 10 mai 1997.

– Daniel Droixhe et Jean Lechanteur



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