Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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André Vandegans

André Vandegans / Photo © Nicole Hellyn Membre belge philologue du 23 avril 1977 au 5 août 2003.
Prédécesseur : Robert Guiette
Successeur : Danielle Bajomée
Fauteuil 2

Biographie

André Vandegans naît le 21 juin 1921 à Forest. Il passe son enfance à Saint-Josse et poursuit ses études secondaires à l’Athénée de Schaerbeek, manifestant un intérêt très précoce pour les anciens — Salluste, Hérodote, Platon — puis pour les modernes — Stendhal et Anatole France tout particulièrement. En 1940, il s’inscrit à l’ULB à la section de philologie romane. Élève de Julia Bastin, il est attiré dans un premier temps par les études médiévales, mais l’enseignement de Gustave Charlier le conduit vers une discipline en pleine mutation : l’histoire littéraire. C’est dans la semi-
clandestinité qu’il prépare les épreuves du jury central, l’université ayant dû fermer ses portes en 1941. En 1944-1945, il obtient son diplôme de licencié et sa forte personnalité conduit les autorités académiques à lui confier plusieurs missions d’importance à l’ULB. Secrétaire du recteur de 1945 à 1949, il est aussi adjoint au secrétaire général et directeur du service d’information et de documentation.

En 1949, il quitte ses fonctions administratives pour devenir professeur de français et de morale à l’Athénée Robert Catteau de la Ville de Bruxelles. Mélomane averti et musicien talentueux, il crée même un petit orchestre de musique ancienne avec des collègues. C’est le début d’une longue et passionnante carrière. Mais le pédagogue se double déjà d’un chercheur infatigable; parallèlement à ses cours, il poursuit ses recherches doctorales qui le conduisent en 1952 à la soutenance d’une thèse fort remarquée, Anatole France, les années de formation, publiée chez Nizet en 1954. Cette étude pose les fondements d’une nouvelle histoire littéraire : il y est certes question des années d’apprentissage d’Anatole France — de 1862 à 1877 —, mais se dessine déjà tout un projet critique qui mêle l’analyse des sources et les conditions historiques, psychologiques et sociales dans lesquelles toute création prend naissance. Une méthode se met donc en place dès cet ouvrage inaugural qui conférera à l’histoire littéraire une visée scientifique qui la démarque ostensiblement de l’anecdotisme complaisant ou du scientisme péremptoire.

En 1956, doté d’un impressionnant bagage bibliographique, d’une expérience d’enseignant et d’un savoir-faire administratif, il est appelé à occuper, à Élisabethville (future Lubumbashi), la chaire de langue et de littérature françaises de l’Université officielle du Congo belge et du Ruanda-Urundi. C’est en Afrique qu’il met en chantier le livre qui paraît en 1964, consacré à La Jeunesse littéraire d’André Malraux. Livre capital parce qu’il met en lumière le Malraux intime des années vingt, auteur des Lunes de papier et créateur d’un univers où se mêlent l’insolite, le bouffon et l’absurde. La force de ce livre sous-titré Essai sur l’inspiration farfelue est d’avoir proposé une réflexion soutenue sur le phénomène de la vocation littéraire, ouvrant du même coup le champ de l’histoire de la littérature aux auteurs contemporains, ce qui lui était refusé par une certaine tradition académique.

Un an avant la publication de cet ouvrage, il accède à la chaire d’histoire de la littérature française de l’Université de Liège. Chargé de cours en 1963, il devient professeur ordinaire deux ans plus tard, succédant à Fernand Desonay. C’est probablement aussi dans la lignée de Sainte-Beuve, qui enseigna à Liège, qu’André Vandegans inscrit ses travaux de recherche et de professorat, en raffinant les méthodes de l’histoire littéraire et en les adaptant aux nouvelles exigences de la critique. Sans jamais verser dans les phénomènes de mode, il trouve des élans nouveaux auprès des jeunes générations, comme en témoigne le colloque qu’il organise en 1969 sur Sainte-Beuve et la critique littéraire contemporaine. Entouré d’une équipe dynamique — Danielle Bajomée, Claudette Sarlet et Pol-Pierre Gossiaux —, il fait de la chaire d’histoire littéraire un centre de rencontres et de recherches de haute tenue scientifique où ont mûri des projets ambitieux et diversifiés.
Parallèlement à ses activités professorales et à ses travaux en littérature française, André Vandegans approfondit ses recherches sur Ghelderode dont il devient rapidement un des exégètes les plus reconnus. Il publie, entre autres travaux sur la genèse de l’œuvre, une étude, «Le Mystère de la Passion» et «Barabbas» (1966) et un ouvrage, Aux origines de «Barabbas». «Actus tragicus» de Michel de Ghelderode (1978). Le 23 avril 1977, André Vandegans est élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises, succédant à Robert Guiette. Cette élection couronne l’œuvre d’un savant, mais aussi d’un humaniste dont la réputation s’est affirmée au-delà de nos frontières. Il publie à l’Académie un ouvrage sur Lamartine critique de Chateaubriand dans le «Cours familier de littérature» (1990). Ouvrage d’érudition qui s’inscrit pleinement dans son œuvre critique parce qu’il reprend, à l’occasion d’un objet neuf, la problématique des sources et des influences littéraires. Cette discipline complexe, il l’a affinée au fil des années pour lui donner une méthode et un statut rigoureusement scientifiques.

Toute la carrière d’André Vandegans est marquée par un souci constant de lire les œuvres littéraires au plus près du texte tout en expliquant les conditions historiques de leur genèse. Historien des lettres, il a non seulement défriché des pans entiers de la littérature de France et de Belgique, mais il a aussi contribué à renouveler en profondeur les méthodes de l’histoire littéraire. À travers ses livres et la centaine d’articles qu’il a publiés à ce jour, c’est la même problématique qui se voit reprise sur nouveaux frais, celle de la naissance de l’écriture, saisie au moment de l’essai, de l’ébauche ou du projet. Il a su restituer à leur histoire des œuvres capitales dont il a non seulement exhumé les sources, mais surtout révélé les structures symboliques qui sont à leur fondement.

André Vandegans est mort le 5 août 2003.

– Danielle Bajomée et Jean-Pierre Bertrand

Bibliographie

  • Anatole France, Les Années de formation, Paris, Librairie Nizet, 1954.
  • La Jeunesse littéraire d'André Malraux, Essai sur l'inspiration farfelue, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1964.
  • Aux origines de «Barabbas». «Actus Tragicus» de Michel de Ghelderode, Paris, Les Belles Lettres, 1978.
  • Lamartine critique de Chateaubriand dans le Cours familier de littérature, Bruxelles, Éditions de l'ARLLFB, 1990.

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