Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Georges Marlow

Georges Marlow / Photo © Le Soir, Bruxelles Membre belge littéraire du 9 avril 1932 au 31 mars 1947.
Prédécesseur : Max Elskamp
Successeur : Louis Piérard
Fauteuil 20
BIOGRAPHIE

Né à Malines le 1er avril 1872, Georges Marlow est l'aîné de trois enfants dont le père travaille en qualité de fonctionnaire aux chemins de fer. Le nom qu'il porte est vraisemblablement d'ascendance anglo-saxonne. Par sa mère, Georges est apparenté à Albert Mockel. Après ses études moyennes à l'Athénée de sa ville natale, il s'inscrit à l'Université libre de Bruxelles, pour y suivre les cours de la Faculté de médecine; il obtient son diplôme en 1897. Très tôt attiré par la littérature, il lit les poètes. Pour rendre hommage à l'un de ses professeur malinois, il publie en 1891, à dix-neuf ans, un petit recueil : Evohé!

À la fin de ses études, après un bref séjour comme interne à l'hôpital de Molenbeek, Georges Marlow se fixe à Ruysbrœk. Il demeure cinq ans dans la petite localité. En 1903, il reprend le cabinet et la clientèle d'un confrère d'Uccle. Il exercera pendant près de quarante ans.

L'œuvre littéraire de Marlow se compose de cinq volumes (le quatrième est signé d'un pseudonyme), publiés entre 1891 et 1926 : trois recueils de poèmes (1891-1895-1900), un récit sous le couvert du pseudonyme (1912) et un dernier recueil de vers (1926). L'ensemble peut paraître mince, mais il faut y ajouter une impressionnante liste de collaborations à des revues et à des journaux. Dès 1892, on retrouve son nom dans Le Réveil et La Nervie, où il se cache derrière la signature de Paul Alériel, mais aussi dans Floréal et La Libre Critique.

En 1895, paraît L'Âme en exil, une quarantaine de poèmes, en vers octosyllabiques ou en alexandrins, sous la forme de quatrains. D'inspiration intimiste et verlainienne, Marlow se nourrit au souvenir et à la nostalgie des choses disparues. Malines y occupe une grande place, avec ses paysages envahis par des eaux assoupies, le calme de ses petites rues, ses carillons (nous sommes proches du Symbolisme de Rodenbach) et ses vieilles dames qui ont choisi l'activité sereine et laborieuse du béguinage. Ce recueil est une lente mélodie lyrique, pleine de caresses sentimentales et de parfums feutrés. Le thème de l'exil souligne le regret et la disparition d'une réalité, que l'artiste transforme en rêves. Le poète est ancré dans ce sol natal où il ne vit plus, mais où son âme est restée prisonnière des sons et des couleurs. Le style, délicat et affecté, renforce l'impression diaphane qui se dégage de ces poèmes, dont Marlow retrouvera les accents trente ans plus tard. En 1900, Des vers, une mince plaquette de quinze pages, qui contient six textes, confirme que l'écrivain est à la fois un romantique, amoureux éperdu de la nature, et un intimiste qui ne s'exprime complètement que dans la méditation.

L'art et la maîtrise de Marlow sont mis à contribution dès 1894 par les nombreuses collaborations qu'il donne, entre autres, à La Jeune Belgique, au Coq rouge, à Durendal, à L'Idée libre ou à La Belgique artistique et littéraire; dans cette dernière, il livre des fragments de la future Hélène. En mai 1910, paraît le premier numéro d'une nouvelle revue : Le Masque, qui vivra quatre ans, et dont Grégoire Le Roy est l'inspirateur. Marlow est un des fondateurs, avec Mockel et Stuart Merrill. Il devient rédacteur de ce périodique, d'esprit libre, satirique et caustique, qui reflète la vitalité de l'époque. Marlow y signe avec Dumont-Wilden une critique dialoguée, et des articles parodiques d'une grande saveur.

En 1912, Marlow édite, à l'enseigne du Masque, Le Pommier ou la Miraculeuse Aventure d'un bavard, une courte farce qui égratigne les milieux artistiques. Sous le pseudonyme de Pitzembourg-Berthoud, Marlow déploie sa verve comique, allant, pour dérouter le lecteur, jusqu'à inventer une bibliographie de cet auteur imaginaire.

Tout en poursuivant sa collaboration à des dizaines de revues, du Thyrse à La Renaissance d'Occident, du Pourquoi pas?, où il signe «Le Dolent Macrobite», aux Cahiers du journal des poètes, il donne en 1910 sa première critique au Mercure de France. C'est un moment important de sa carrière, puisqu'il tiendra cette tribune de 1919 à 1932 et de 1936 à 1939. Il y succède à Georges Eekhoud et son approche systématique de la vie intellectuelle de notre pays fait rapidement autorité. Pendant la durée de sa participation à cette importante revue, il analyse avec lucidité et impartialité les ouvrages qui paraissent et les faits fondamentaux de notre société littéraire.

Marlow n'a pas publié depuis longtemps. En 1926, paraît un dernier recueil de vers, Hélène, dédié à Albert Mockel. L'écrivain, qui édite dans ce volume des poèmes longuement mûris et travaillés, retrouve le monde du rêve et la nostalgie du passé qui s'éloigne. Essentiellement symboliste, de forme et de construction parfaites, cet ensemble au rythme musical achevé est un hymne à la douleur et à la beauté. Trente ans après L'âme en exil, Marlow retrouve la grande inspiration, dans des alexandrins vibrants et marqués du sceau du classicisme. Le thème n'a pas fondamentalement changé, même si l'évolution personnelle de l'homme est perceptible. La réalité échappe à notre volonté et la fuite du temps est inéluctable. L'intensité de l'émotion et l'ardeur des sentiments intacts permettent toutefois d'apaiser la hantise de la mort. Hélène marque l'accomplissement artistique et personnel d'un poète qui n'a pas voulu céder à la déshumanisation et a gardé sa foi dans l'amour. C'est aussi un hymne à la passion éternelle des âmes inassouvies.

Georges Marlow est mort à Uccle le 31 mars 1947, après une longue maladie qui le laissa paralysé. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 9 avril 1932.

– Jean Lacroix



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