Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Jean Klein

Jean Klein. Photo © Jean-Luc Lossignol, ARLLFB. Membre belge philologue
Élu le 8 novembre 2014
Prédécesseur : Willy Bal
Fauteuil 27

Biographie

Jean Klein est né à Ixelles le 31 juillet 1943, dans une famille d’origine française. Élevé dans un milieu de conviction chrétienne, il accomplit ses études secondaires à l’Institut Saint-Louis de Bruxelles, puis, en 1964, conquiert le titre de licencié-agrégé en philologie romane à l’UCL qui, à cette époque, est toujours située à Louvain, aujourd’hui chef-lieu du Brabant flamand. Après un court passage dans l’enseignement secondaire, il est engagé à l’UCL comme assistant (de 1966 à 1973) d’André Goosse, le promoteur de sa thèse de doctorat. Il vit de près les affrontements suscités par l’ethnocentrisme et l’intolérance linguistique des Flamands et l’irréparable scission, en 1968, d’une institution dont les racines remontent à l’époque médiévale. On sait quelle douleur morale cette partition a suscitée dans l’esprit de très nombreux «Louvanistes» francophones, contraints de se replier dans la toute jeune Université de Louvain-la-Neuve. Mais cette affliction n’écarte pas totalement Jean Klein du lieu de son alma mater originelle, puisqu’il exerce à la KUL (sise à Leuven) les fonctions d’assistant, puis de chargé de cours extraordinaire, de 1974 à 1990, tout en étant nommé, à partir de 1984, chargé de cours à l’UCL.

La fréquentation d’un public d’étudiants de langue néerlandaise lui inspire des travaux remarqués : en collaboration avec Piet Desmet et Béatrice Lamiroy, il publie successivement trois ouvrages : Répertoire d’erreurs courantes apparaissant dans les textes rédigés par des néerlandophones en 1991 et Vous dites! Répertoire d’erreurs courantes en français chez les néerlandophones en 1993 et 1996. Son intérêt scientifique pour les difficultés que présente l’apprentissage du français pour les allophones le conduit, quelques années plus tard, à étudier les modes d’acquisition de notre langue par un public japonais. L’UCL ayant conclu des accords de collaboration avec l’Université de Fukuoka, il y accomplit de nombreux séjours qui lui valent de recevoir le titre de docteur honoris causa de cette université en octobre 2009 et qui lui inspirent un recueil édité avec Francine Thirion, Les Études françaises au Japon. Tradition et renouveau, et une étude plus orientée vers la linguistique, parue en 2010 : Japonais et français. Stéréotypes, images et emprunts. Un parcours lexicologique et lexicographique, dans laquelle il recense une petite centaine d’emprunts du français au japonais.

Nommé maître de conférences à l’UCL en 1982, il accède au titre de professeur ordinaire en 1996 et de professeur émérite en 2007, après avoir gravi tous les échelons du cursus honorum tel qu’il est désormais pratiqué dans la vie universitaire.

Dans le domaine de la recherche scientifique, il soutient en 1974 une thèse de doctorat en philologie romane sur un sujet de lexicologie française. Cette dissertation originale a été éditée par la maison Nauwelaerts en 1976 sous le titre Le Vocabulaire des mœurs de la «vie parisienne» sous le Second Empire. Introduction à l’étude du langage boulevardier et le consacre comme l’un des meilleurs spécialistes de la discipline. Suivant les exemples de Georges Matoré et de Jean Dubois, il applique à un ensemble lexical bien circonscrit les méthodes de l’analyse structurale, laquelle impose une vision des faits linguistiques dans une stricte synchronie. Il choisit de pratiquer les techniques heuristiques nouvellement mises en œuvre en délimitant les contours de son analyse à l’époque du Second Empire et au milieu de la vie parisienne polarisée dans le quartier des grands boulevards. On notera que son corpus de recherche ne se limite pas aux oeuvres littéraires mais prend surtout en compte la presse et divers documents évoquant le quotidien des habitants de la capitale française. Il parvient ainsi à montrer comment une certaine société parisienne se dépeint à l’aide d’un matériel lexical nouveau ou doté de valeurs originales. Grâce à son analyse, le lecteur apprend que, contrairement à l’illusion entretenue par les dictionnaires, le contenu lexical des vocables est susceptible de varier, même dans un espace temporel assez court.

Au fil du temps, sa curiosité pour les mots de notre langue a emprunté diverses voies. Dans le volume d’Hommage à Georges Jacques, il relève les noms de célébrités qui ont légué leur patronyme à des préparations culinaires ou analyse, dans la Revue générale, le rôle qu’a pu exercer le rapport présenté devant la Convention par l’abbé Grégoire le 16 prairial an II (4 juin 1794) sur l’expansion de la langue française et l’exclusion des patois.

Dans l’ordre des faits de lexique, Jean Klein a établi que, contrairement à une opinion communément répandue, notre langue n’est pas menacée d’«invasion» par les emprunts directs ou par les calques issus de l’anglais. Son enquête souligne que le mécanisme d’adoption des mots d’origine anglo-saxonne concerne davantage les phénomènes de la vie sociale ou le domaine des loisirs que l’univers de la politique, et qu’à ce titre le risque d’anglicisation de la langue française peut être tenu pour dérisoire. Par ailleurs, il insiste sur la dynamique propre à notre langue pour former de nouveaux lexèmes, perçus comme bien français, en étudiant la néologie littéraire chez divers auteurs.

En 2006, il inaugure avec deux collègues de l’UCL le projet de constitution d’un ambitieux dictionnaire des proverbes. La même année, dans Le Langage sms, écrit en collaboration avec Cédric Fairon, il examine les moyens mis en œuvre par les utilisateurs des téléphones portables et indique que ceux-ci ne remettent pas en cause les structures syntaxiques de base du français. Un peu plus tard, il s’investit dans l’étude des figements et montre qu’il en existe stricto sensu, où tous les constituants sont invariables, et des semi-figements, où l’on peut observer des changements dans l’usage de la personne ou du temps verbal.

Succédant à Willy Bal, Jean Klein est élu dans notre Académie le 8 novembre 2014.

– Jacques Charles Lemaire

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Discours de réception (séance publique du 24 octobre 2015)



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